Depuis le début des années 2010, l’intérêt pour les véhicules autonomes (VA) a énormément augmenté. Les constructeurs automobiles classiques (Ford, Toyota) et les nouveaux acteurs (Tesla, Waymo) ont investi des milliards de dollars dans les développements techniques. Pourquoi cette technologie obtient-elle de plus en plus de crédits de la part des plus grandes entreprises du monde ?
Cet article est basé sur les recherches de Félix Carreyre, Doctorant / PhD Candidate chez VEDECOM.
Le modèle économique peut être intéressant
Pour les constructeurs automobiles, le véhicule autonome représente un modèle économique attractif et la possibilité d’atteindre leur objectif principal : le profit. En effet, une flotte de taxis autonomes leur permettrait de réduire les coûts d’un service de mobilité, puisque la question du salaire des chauffeurs ne se pose plus. Par ailleurs, les tarifs des taxis/TNC (Transport Network Company ou société de covoiturage) seraient également moins chers sans le coût du chauffeur.
Au-delà de la réduction des coûts, comment peuvent-ils engendrer du profit ? En percevant une redevance à chaque fois qu’un utilisateur emprunte un de leurs taxis sans conducteur.
Le développement du véhicule autonome impliquerait de nombreux avantages
Ces flottes remplaceraient les voitures conventionnelles que nous connaissons et permettraient :
- D’offrir un nouveau service de mobilité pour les personnes sans permis ou ne pouvant pas conduire (personnes âgées, personnes à mobilité réduite…).
- De réduire le nombre de voitures en circulation tout en répondant à la même demande de mobilité.
- De libérer des places de stationnement dans les centres-villes en raison du nombre réduit de véhicules nécessaires dans une flotte ainsi que de la possibilité pour les voitures autonomes de se garer en dehors des zones fréquentées.
Cela pourrait également s’appliquer aux transports en commun : 30 à 40 % des coûts opérationnels globaux d’un bus proviennent des coûts des chauffeurs. Le métro est déjà passé à une technologie autonome permettant des trajets plus rapides.
En matière de sécurité routière, un véhicule autonome pourrait être une option de déplacement plus sûre qu’un humain conduisant une voiture conventionnelle.
Cela vient de l’idée que 90% des accidents de voiture sont dus à des erreurs humaines, des erreurs qu’un ordinateur pourrait prévenir. Les véhicules autonomes étant encore en test, il s’agit surtout d’une hypothèse . Néanmoins, on peut considérer que les VA ne devraient pas être autorisés par les autorités et/ou le public s’ils ne sont pas au moins égaux aux capacités moyennes de conduite humaine.
Un confort accru pour les passagers et une diminution des coûts pour les personnes voyageant en transports en commun ?
Pour évaluer les impacts futurs des VAs sur la société, des chercheurs ont effectué des simulations de mobilité, notamment dans des zones urbaines.
Il est important de noter que ces simulations exécutent 4 fois plus d’indicateurs opérationnels que d’indicateurs environnementaux (tels que les émissions de gaz à effet de serre ou la pollution locale). Quelques exemples d’indicateurs :
- Le temps de trajet par personne (TT)
- La taille de flotte (FS)
- Les véhicules-kilomètres parcourus (VKT)
D’après les résultats, si les taxis sans conducteur venaient à remplacer les voitures particulières, le VKT (véhicules-kilomètres parcourus) augmenterait de +23%, le TT (temps de trajet par personne) de +17%, mais il pourrait réduire le FS (taille de flotte) de -17%.
Si ces taxis sans conducteur étaient partagés par différents passagers, ces résultats seraient améliorés : le VKT n’augmenterait que de +6%, le TT de +20% et le FS serait réduit de -55%.L’augmentation du temps et de la distance parcourue pourrait être la conséquence d’un confort accru pour les conducteurs ou d’une diminution des coûts pour les personnes voyageant en transports en commun.
Le risque potentiel d’un effet rebond
Il faut être prudent au sujet des bénéfices promis par cette technologie En effet, on parle de réduire le nombre de véhicules en circulation, le temps de trajet, la congestion… mais les simulations mentionnées précédemment montrent aussi que l’adoption de cette technologie pourrait également engendrer des externalités négatives et non souhaitées.
La plupart des simulations ont lieu dans des zones urbaines, les augmentations de VKT (véhicules-kilomètres parcourus) et de TT (temps de trajet par personne) pourraient avoir des impacts majeurs sur la congestion du trafic et sur toutes les émissions générées lors de la mobilité.
Nous pouvons prendre l’exemple d’Uber : leur service est simple d’utilisation, ce qui a abouti à la consommation régulière de ce dernier et donc à une utilisation plus importante de la voiture, ne diminuant pas le nombre de véhicules en circulation. Le même schéma pourrait potentiellement se reproduire avec les taxis sans conducteur.